Fréquente les ateliers du Créahm Région Wallonne, Liège depuis 1994.

Une chose aussi petite qu'une goutte de pluie tombe de l'encadrement de la fenêtre. C'est une araignée. Suspendue à un fil, elle remonte, puis redescend. Elle répète ce mouvement plusieurs fois. Ensuite elle change de méthode. Elle s'élance d'un bord à un autre du dormant et petit à petit s'approprie un coin de baie. Certaines araignées tissent des toiles de forme orbiculaire, d'autres créent des drapés. Il y a celles qui font le pendule et d'autres qui se balancent dans les airs en se faisant emporter par le vent. Ces voyageuses tracent de longues trajectoires invisibles qui ne se font remarquer que lorsque elles viennent se coller à nos visages.

Michel Petiniot aussi peut tendre des filets et parfois nous piéger. Ses dessins sont accomplis avec méthode et rigueur, mais lorsqu'on le voit faire, on ne soupçonne pas la liberté avec laquelle il organise sa composition. Passant d'un côté à l'autre de la feuille sans se soucier de finir ou non la zone qui l'occupait. Il y reviendra plus tard de la même façon qu'il peut parfois reprendre une ancienne composition et la retravailler.

Il utilise pour cela un feutre noir Staedler 0.5, ce qui donne à ses dessins des textures très fines. A force de retravailler et superposer les différentes couches de remplissage, certaines parties se densifient jusqu'à devenir un voile opaque et noir.

Michel Petiniot est un artiste du temps. Sa technique de remplissage au trait par trait lui demande une assiduité énergivore. Sa concentration, sa fatigue, sa persévérance influencent son trait. Les différentes tonalités obtenues sont souvent le résultat de ces différents états qui le traversent pendant qu'il dessine.

Michel Petiniot est un artiste du geste. Pour ses peintures sur tissus, l'artiste utilise son coude comme une pointe sèche de compas. Le trait se courbe selon l'amplitude de son bras. De cette façon, il définit un espace par ces lignes qui suivent son geste répété sans cesse. Il n'y a pas d'intention particulière ou de forme imaginée à l'avance. La composition se fait petit à petit en fonction de la position du corps, en suivant le mouvement pendulaire du bras et sa façon de faire tourner le tissu devant lui.

Pourrait-on dire que Michel Petiniot est proche de la méthode du dessin automatique ? Il est vrai qu'il agit ici sans préméditer la forme, mais son systématisme dans le trait l'en écarte. Il me semble plus proche de ces dentellières qui arpentent nos charpentes, plantes, jardins et recoins. Une ingéniosité instinctive si cela peut exister. Certains tissus laissent transpercer l'encre et le verso se transforme en une constellation de taches. Les temps d'arrêt de l'artiste font perler des étoiles sur le verso comme ces toiles d'araignée qui capturent la rosée. Dans le travail de Michel Petiniot, vous observerez une multitude de petits détails qui ne sont pas toujours désiré, mais qui appartiennent à une façon bien particulière de faire les choses, de peindre et dessiner. Peut-on dire encore que c'est du hasard ?

Texte de Ludovic Demarche, commissaire de l'exposition monographique Michel Petiniot

Théâtre de Liège 21.09.2017 > 11.10.2017

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