Fréquente les ateliers du Créahm Région Wallonne, Liège depuis 1994.

Michel Thiry a ses habitudes, un rituel bien établi qu'il est important de ne pas déranger une fois le travail entamé. L'artiste parle peu et se concentre sur la construction de son dessin. Une démarche automatique et quelque peu routinière qui donne naissance à̀ des compositions noir et blanc qui révèlent une vie intérieure particulièrement foisonnante.

C'est au marqueur noir que Michel Thiry quadrille la feuille. Il y construit une armature qui supportera toute la composition. À partir de cette structure, il élabore une véritable scénographie dans laquelle prennent place des figures de la culture populaire (Michael Jackson, Johnny Halliday, Star Wars, super-héros japonais), des écrits, des éléments de décor qui – à force d'être reproduits – composent un véritable vocabulaire symbolique. Michel Thiry dessine à partir d'images découpées dans des magazines : celles-ci alimentent son imagination et, inversement, il transpose son univers à celles-ci. Certaines cases sont noircies. L'artiste pose des choix qui ne laissent pas place au hasard ; les gestes sont délibérés, mûrement pesés. Si des erreurs se produisent, l'artiste colle du scotch blanc directement sur la partie du dessin à corriger et, si nécessaire, il appose un fragment de feuille, elle-même scotchée sur le dessin. Une manière de faire qui relève du rafistolage mais qui dote les ouvrages rapiécés d'une grande force poétique. Là aussi le geste est mesuré.

L'œuvre de Michel Thiry parle par sa cohérence, par ses liens indéniables avec la bande dessinée. Sa démarche peut aussi être comparée à celle du metteur en scène chargé d'agencer les éléments de la composition qu'il a en tête. Le monde de Michel Thiry est un mystère à déchiffrer.