Fréquente les ateliers du Créahm Région Wallonne, Liège depuis 1973.
Parler de la pluie et du beau temps s'apparente souvent à un exercice navrant qui n'a d'autre but que de meubler le vide abyssal des conversations courantes. Pourtant, les fluctuations météorologiques, si souvent évoquées dans les taxis ou les salons de coiffure, constituent bien le sujet essentiel des créations de Patricia Lambinet.
Composées de larges aplats colorés, celles-ci ressemblent, au premier abord, à des compositions géométriques abstraites. Il n'en est rien. Pour être décodée, sa peinture nécessite que l'on en maîtrise préalablement le vocabulaire. Si le soleil (généralement situé en haut à droite), les arcs-en-ciel, la lune et la neige sont assez aisément identifiables, les nuages sont, le plus souvent, de simples traits horizontaux, la pluie est représentée par deux paires de barres verticales de couleurs différentes et la nuit par une sphère noire sur fond noir. À ces signes liés à des considérations d'ordre temporel ou météorologique, s'ajoutent des objets tangibles : un cercle traversé de lignes horizontales est une guitare, un rectangle bleu surchargé de lignes ondulées blanches une piscine, un cercle moucheté de petits points un barbecue…
En combinant, à l'infini, ces signes pictographiques, elle se raconte des histoires qui, à ses yeux, sont plus importantes que le résultat final. Celles-ci mêlent souvenirs et moments présents. Il n'est d'ailleurs pas rare qu'elle scrute, par la fenêtre, les variations du temps, attende longuement qu'un nuage apparaisse pour le faire figurer sur sa feuille ou si, soudain, il neige, elle surcharge aussi sec son dessin de petites ponctuations blanches.
DEJASSE, Erwin, in Jaune Ciel ou Blanc Foncé, 2010, pp. 62-63.