A fréquenté les ateliers du Créahm Région Wallonne, Liège de 1995 à 2009.
À son arrivée au Créahm, Anny Servais révèle rapidement un tempérament pétulant tant dans ses rapports humains que dans ses créations. Peu encline à se conformer aux conventions sociales, la bobonne s'avère être une vraie punk. Elle, dont la principale activité créatrice était jusqu'alors le tricot, trouve très vite sa voie. Trois ans après ses débuts, elle connaît une première exposition individuelle. Sa réputation ne cesse de grandir pour dépasser largement les frontières de la Belgique et susciter l'intérêt au-delà des adeptes de l'art brut ou outsider.
Dans ses premières compositions, abstraites en apparence, elle trace, sur des fonds d'acrylique, des enchevêtrements élégants et sinueux, des calligraphies inédites. Sa signature apparaît parfois jusqu'à une dizaine de fois sur la même pièce preuve que c'est d'abord d'elle-même dont elle parle dans ses peintures.
Les années deux mille marquent un tournant notable dans son cheminement artistique : pour la première fois, elle intègre des photographies – ou des photocopies de photographies – à la couche picturale. Cette rupture sur le plan technique réaffirme la cohérence de sa démarche, en précise les enjeux. Les signatures font place à des images de son quotidien, de ceux qui lui sont proches… D'autres collages s'organisent autour d'une thématique particulière : la nourriture, les bébés, l'Afrique, les sportifs… avec une nette prédilection pour les corps masculins. Toutefois, c'est peut-être dans son approche particulière de l'autoportrait que sa singularité s'exprime avec le plus de force. En témoignent, les innombrables visages retouchés de l'artiste, oscillant entre l'égomanie et l'autodénigrement, tantôt graves, tantôt hilarants, parfois les deux à la fois.
Expression de son inaliénable subjectivité, cris d'amour, érotomanies, désirs d'ingestion, fantasmes de maternité… les peintures d'Anny Servais composent une œuvre-miroir.
DEJASSE, Erwin, art. « Anny Servais », in Jaune Ciel ou Blanc Foncé, 2010, pp. 80-87.