A fréquenté les ateliers du Créahm Région Wallonne, Liège de 1987 à 2000.
Personnalité foncièrement individualiste, Estelle Albertini n'entend pas se faire conseiller durant la conception de ses œuvres. Celles-ci ne s'inspirent d'aucun document préexistant. Ses dessins ne connaissent pas le repentir, jaillissent avec une étonnante fluidité. Dès ses tous débuts, elle choisit le feutre de couleur comme instrument exclusif. D'emblée, elle impose sa technique, son trait ondoyant et élégant, son chromatisme vibrant.
La conception d'un dessin est un exercice profondément ritualisé. Invariablement, elle en exécute deux le matin et deux l'après-midi et s'enfile un coca-cola entre deux productions. Estelle Albertini est une adepte des séries. Pendant un laps de temps relativement long, elle réalise uniquement des groupes de trois objets avant de décider de passer à quatre sujets, exploitant à nouveau ce filon durant plusieurs semaines. D'autres fois, c'est un même motif qui est décliné à l'envi.
La figure humaine est presque toujours absente. Parmi les objets représentés : une paire de sandales de plage, un flacon de parfum, un miroir de poche, une bouteille de shampooing, une lampe de chevet, une trousse de maquillage, une armoire à tiroirs… Estelle Albertini témoigne aussi d'une nette prédilection pour tout ce qui est susceptible de renfermer des choses : valises, sacs à mains, boîtes en tout genre… Celles-ci laissent, le plus souvent, apparaître leur contenu par transparence, comme si elles étaient vues aux rayons X.
À contrario de l'usage courant qui veut que l'artiste signe son œuvre une fois celle-ci terminée, Estelle Albertini débute chaque dessin par l'écriture de son prénom. Cette signature prend invariablement place dans la partie supérieure de la feuille, parfaitement centrée. À l'instar de la modiste agnès b., il s'agit d'une estampille, d'une marque de fabrique ample et élégante qui vient authentifier ses créations.
DEJASSE, Erwin, art. « Estelle Albertini », in Jaune Ciel ou Blanc Foncé, 2010, pp. 26-29.